mercredi 22 décembre 2010

Chapitre II : Judith


Judith est née dans des draps sans chair. Est-ce-que ça la chagrine de n'être qu'une histoire ?
Les premières fois elle était déjà tiède et pâle, l'omoplate un peu tordue et de grands yeux, du cartilage...
Je savais déjà qu'elle se briserait les côtes, c'est le genre de fille à s'enticher de Dracula.
Judith est amoureuse de Dracula, et de ses baisers qui vous laissent du coton et des éclats de verre dans la bouche.
Toi aussi tu l'entendais respirer comme une phtisique, dans sa petite chambre. Dans la cuisine, une vieille faisait du foie, des morceaux de foie pour ma phtisique endormie.

Elle saurait tout de l'héliotrope et de la sauge, je lui donnais même des membres et des cheveux.
Elle serait l'héroïne de mon premier chapitre et la reine de tous les autres.
je ne voulais pas trouer sa robe, je prenais soin de ne jamais la voir grelotter.
Je lui ai donné du thé, des hanches et des ongles.

Judith est la plus douce des reines qui se fâchent.
Une nuit je la trouvais endormie dans le placenta d'une petite jument morte, à attendre qu'un cœur lui vienne en plus des os et de la peau.


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