mardi 29 mars 2011

Aux sortilèges.

illustration : Jean-Baptiste Monge.

Tu pensais nous garder dans tes jolies ficelles ?

mardi 15 février 2011

Qui a dit que les courges n'avaient pas de coeur ?

Je pensais que ce serait plus simple.
A présent les trains s'en vont, ils ne m'emportent pas et ça m'est bien égal.
J'aurais voulu écrire une lettre à Bâton-Rouge comme on écrit une Lettre à l'Angleterre, mais à Bâton-Rouge, j'en suis certaine, même sans chien il ne fait pas froid.
C'est si proche de tu sais quoi...

Je pourrais aussi écrire une lettre à tu sais qui, mais les mots finiraient par se noyer dans la bière tiède et les mensonges.
J'aurais du l'abandonner sur un trottoir cette histoire, lui dire de prendre un taxi et de ne plus jamais revenir, elle portait un masque idiot, et en-dessous rien que du vide.

mardi 25 janvier 2011

Par amour du plastique.

"Mosha", ça ressemble à un nom idiot sur une bouteille de shampoing, tu sais ces marques inconnues qu'on ne trouve que dans les drugstores minables, ou bien peut être un paquet de biscuits à la génoise navrante. Ça me convenait.
Je l'imaginais aussi molle et futée qu'un sirop pour la toux. Des rêveries mouillées sous les paupières, presque autant de vernis moches dans ses tiroirs.
Je l'aimais beaucoup, c'était une charmante greluche, pas vraiment d'intérêt pour la plupart des hommes à mon avis, si ce n'est peut être l'intérieur de ses cuisses. Mais pour les gens comme toi et moi, cette fille c'était le comptoir des ongles arrachés et des nouilles au crabe !
Tu sais ce genre de fille qui grouille de rêves et de sauce tomate, les bras noués autour de rien, amoureuse des mercredis et d'une boîte de chaussures de poupées.
Celle qui fait couler l'eau du bain quand la ville dort, mais la pas la grande ville, juste celle qui transpire, celle des peaux mortes et des corbeaux crevés, celle qui a l'air d'une truite et qu'on ne veut plus jamais voir, la ville des filles qui pensent que boire de la chartreuse parce que le nom est joli, les fera un peu moins passer pour des tas de chair suppliants.

lundi 24 janvier 2011

Et même tes lacets se sont lassés de son sourire de serpent.


« Le problème du mariage c’est qu’il meurt toutes les nuits après l’amour et qu’il faut le reconstruire tous les matins avant le petit déjeuner »
Gabriel Garcia Marquez, L’Amour au temps du choléra

Judith Swan n’est pas un oiseau, et pourtant…
La lumière de ses prunelles est le reste d’une comète qui louvoie.
Il n’y a rien de plus à perdre maintenant
Autant rester la tête en l’air et faire le chat.

Quelle drôle d’épouse tu fais lorsque tu pleures ainsi, Judith ne te lasse pas du temps et du parfum tiède des comas.
Sous les saules les charniers pourrissants ont attendri le sol, et de la sanie et du sang on a vu naître de la mélisse et des rats
Le monde s’enivre et miroite, sa propre famine le dévore, il se digère seul comme un estomac vidé à la petite cuillère.
Ils disent que tu pleurniches comme une enfant qui s’est tordu les genoux. Inventes-tu toujours ces histoires idiotes de squelettes qui crépitent sous les doigts ?
Il y a un théâtre de spectres savants dans tes draps qui t’empêche de fermer l’œil
Du moins c’est ce que racontent tes cernes et ta bouche aux dames qui se moquent
Mais il les connaît par cœur tes chagrins de hibou
Et ça le fait sourire comme une chimère vicieuse l’histoire de cette reine qui laisse ses rêves entrouverts parce qu’elle a peur du noir.

lundi 17 janvier 2011

Chapitre IV : Morzine

Un jour ton monde n’eut plus de reine. Et vos prières funestes furent tristes et joyeuses comme de vieux cantiques chuchotés.
Le silence s’est répandu comme une lèpre sur le vieux monde.
Son dernier vestige a la bouche remplie de boue et de neige fondue…
C’est un sépulcre endormi, au-dessus de lui, rien que quelques blattes et une vieille pie.

Ils disent que Morzine est morte doucement, que les Orvets de ses cheveux ne se tordaient plus.
Que son hurlement a chassé les passereaux et déchiré ses joues.
Charlie Swan raconte qu’il a trouvé des dents dans la forêt.
Morzine est morte doucement, oubliée par le monde, elle n’est plus que la déesse déchue qui tortillait son ventre hâve et maigre, déesse souffreteuse d’une ville en charpie.
Divinité des sépultures enterrée vivante par son peuple.

mercredi 29 décembre 2010

दुःख


Le parfum de la myrrhe est semblable à celui de l’ambre, il empeste les draps de son sillage infecte, empoisonne l’air et donne la nausée,
les rois s’en parfument le cou et les poignets.
Judith, quel est celui qui passa dans ta chambre,
pour souiller tes rêves, ton ventre et ton oreiller ?

" Mieux vaut chien enragé que chaud soleil en janvier "

J'ai trouvé de charmantes recettes magiques dans mon petit livre de sorcières.
Pour attirer l'amour...il vous faudra des cheveux, une pomme et de la myrte verte.
Faites avaler la moelle épinière d'un loup à votre bien-aimée pour qu'elle vous reste fidèle.
Pour enfanter, enterrez dans votre jardin une dent de chat et six graines de blé...

Mais à vrai dire... je vous conseillerais plutôt de vous remplir de miel et de lait tiède et de rêver qu'un jour... les trains iront jusqu'à la Nouvelle-Orléans...